Inde, pays d'ombres et lumières
5 octobre
L'Inde, c'est difficile à décrire comme pays... Intense, c'est le mot qui me semble le mieux lui correspondre.
A la sortie de l'avion à Delhi, on est surpris par l'aéroport Gandhi impeccable, très moderne, spacieux et peu encombré, aux antipodes des images que l'on peut avoir de l'Inde mais déjà des indices, les distributeurs automatiques qui ne fonctionnent pas, le système nébuleux pour trouver un taxi, et la sensation que tout ne sera pas simple.
C'est un pays où l'on se sent chahuté dès que l'on met le nez dehors.
A Delhi comme ailleurs dans toutes les grandes villes tous vos sens sont aux aguets.
Tout est mêlé, le magnifique et la crasse, les saris aux couleurs éclatantes, les voix fortes des indiens qui s'interpellent, les petites échoppes mignonettes dans les rues animées, les odeurs d'égouts parfois, la beauté des femmes et des hommes, de leurs regards, les enfants qui nettoient les immondices à mains nues, le bruit assourdissant et permanent des klaxons... Tout ce qui roule, voitures, motos, cyclos se croisent en tous sens dans un joyeux bazar, les vaches qui déambulent, les détritus partout, un temple hindou au charme suranné au creux d'une montagne, une vieille indienne au sourire généreux qui vous salue bien bas et les vendeurs qui vous traquent pour écouler leur stock de Taj Mahal dans une boule à neige.
Un mot sur les vendeurs, les rickshaw (vélo taxi) et les pseudo guides touristiques.
Leur technique est particulièrement efficace : ils se postent devant vous au milieu du chemin,vous les contournez, puis ils vous suivent en vous entretenant sur leur marchandise jusqu'à ce que vous y jetiez un œil, et là c'est fichu, il ne vous reste plus qu'à acheter, et toujours à un prix trop cher même si vous avez fait baisser de 60%, pour enfin être un peu tranquille, jusqu'au prochain, 10 mètres plus loin. Il y a aussi ceux qui travaillent votre bonne conscience d'européen en vous donnant l'impression d'être un radin, car « ça ne vaut que 2 euros, vous comprenez, c'est pas cher, je ne gagne pas beaucoup... » et les mots « no, thank you » ou « I am not interested » n'ont pas de sens, ce qui rend les conversations un brin compliquées.
Les monuments, au premier rang desquels le mausolée du Taj Mahal, réellement féérique, sont magnifiques mais souvent ils tombent en décrépitude faute d'assez d'argent pour les restaurer. L'architecture est à la croisée des chemins entre les influences musulmanes, hindoues, perses, moghols... et le résultat est une dentelle de marbre et de grès rose sculptés de fleurs, incrustés de pierres colorées ou de miroirs, des cours aux arcs polylobés, de moucharabiés (murs ajourés pour que les femmes puissent voir sans être vues)... Tout cela vous laisse rêveur.
La nourriture est aussi succulente, épicée, colorée, orange, rouge, brun, jaune, avec beaucoup de plats végétariens et de galettes de pain comme les nans ou les rotis.
C'est un pays qui déborde de vie, dans tous les sens, comme un endroit trop petit pour contenir toutes ces existences, c'est fascinant et effrayant en même temps.